LISIS
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Maxime Zimmermann

Doctorant, INRAE

Maxime Zimmermann est doctorant au LISIS et effectue une thèse de sociologie depuis le 1er décembre 2020 intitulée « L’expertise toxicologique. Acteurs, modes de connaissances et controverses dans l’évaluation des risques des pesticides » sous la direction de David Demortain (INRAE/LISIS) et Laurence Huc (INRAE/TOXALIM). Il a initialement obtenu le master « Histoire des sciences, technologies et société » de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales.

Résumé du projet de thèse en français :

 

L’évaluation des risques des pesticides fait aujourd’hui l’objet d’une controverse, qui affleure de plus en plus fréquemment dans l’espace public : la base des connaissances scientifiques mobilisées dans ce processus public d’évaluation serait trop réduite. Elle serait principalement alimentée par une science dite réglementaire, faite d’études standardisées, de durée souvent insuffisante, reposant sur des modèles animaux non nécessairement pertinents pour capter les risques chroniques posés par les pesticides pour l’homme ou des espèces non-cibles. Elle serait coupée de la recherche académique sur les effets de ces produits, ainsi que des données provenant des utilisateurs ou des citoyens exposés aux pesticides. Inversement, elle serait trop influencée par les entreprises agro-chimiques, qui tendent à minimiser les risques de leurs produits dans les études qu’ils transmettent aux agences en charge de l’autorisation des produits.

 

Ces débats illustrent le fait que la science sur laquelle sont fondées les décisions d’autorisation de pesticides et les mesures de gestion des risques, est construire par plusieurs acteurs potentiels, selon des modes de connaissance des risques variables, parfois conflictuels. La thèse proposée vise à analyser la structuration de la production des connaissances sur les pesticides et leurs risques, à partir d’enquête dans les différents lieux (laboratoires de recherche publique, laboratoires privés, bureaux d’études, agences d’expertise, associations environnementales…) dans lesquels les pesticides sont testés, analysés et évalués du point de vue de leur mode d’action. L’enquête doit contribuer à répondre aux questions suivantes : Quelles sont les différentes pratiques et cultures épistémiques mises en oeuvre dans les recherches sur les modes d’action des pesticides dans les différents contextes où celles-ci sont conduites ? Qui construit et défend ces différentes manières de connaitre les pesticides : quels sont les réseaux impliqués, qu’est ce qui en fait la cohésion, quelles relations entretiennent-ils entre eux, quels champs de connaissance est-ce qu’ils dessinent ? Comment les différents modes de connaissance et experts des pesticides, influent sur l’interprétation de leurs risques, dans le cours des processus de décision sur le classement, les mesures d’usage ou la mise sur le marché des pesticides ?

 

L’analyse doit permettre de mieux caractériser ce qu’on appelle la science réglementaire et ses rapports avec la recherche publique et la recherche industrielle, saisir les mécanismes par lesquels l’expertise publique servant à l’évaluation des produits est produite, et les controverses sur l’utilisation de la science dans l’action publique et les manipulations qu’elle subirait. Elle doit contribuer à éclairer les affaires entourant la commercialisation de pesticides comme le glyphosate, le chlorpyrifos, les néonicotinoïdes ou encore les SDHI.

 

English summary :

 

The assessment of pesticide risks is nowadays subject to controversies, which circulate increasingly into the public space: the basis of scientific knowledge mobilized in the public assessment process might be too narrow. It might mainly be fueled by a so-called “regulatory” science, made of standardized studies, often too short, based on animal models which are not necessarily relevant to capture the threats of chronical pesticide risks for humans or non-targeted species. It might be separated from academical research on the effects of such products as well as data coming from users and citizens exposed to pesticides. On the other hand, it might be too influenced by agrochemicals companies, which tend to minimize their product’s risks in their studies that they transmit to products regulatory agencies.

These debates illustrate the fact that the science studies on which pesticide permit decisions and risk management actions are based are constructed by many potential actors, which risk ways of knowing methods are variable, sometimes conflicting.

This PhD thesis aims to analyze the production of knowledge on pesticides and their risks, based on inquiries in different locations (public research laboratories, private laboratories, assessment services, expertise agencies, environmental organizations…) in which pesticides are tested, analyzed and assessed based on their modes of action. The inquiry should answer the following questions: What are the practical differences and epistemic cultures applied in pesticide mode of actions researches in the different contexts in which they are taking place? Who constructs these different manners of knowing pesticides: what are the networks involved, what makes their cohesion, which relationships are they holding with each other, what fields of knowledge are they building? How do the different ways of knowing and pesticide experts influence the interpretation of risks in the course of the decision process on the classification, the usage measures or market launching of pesticides?

The analysis should allow to better characterize what is called the regulatory science and its relationships with public research and industrial research, to understand the mechanisms through which public expertise on product assessment is made, and the controversies on science usage in public action and the manipulations it might undergo. It should contribute to clarify the matters surrounding the commercialization of pesticides such as glyphosate, chlorpyrifos, neonicotinoids or SDHI.

 

Page Twitter : @maxime_zmn