LISIS - Baptiste Gaillard

Baptiste Gaillard est doctorant en sociologie au LISIS depuis le 1^er décembre 2021 et effectue sa thèse sous la direction de Allison Marie Loconto (INRAE/LISIS), Bruno Turnheim (INRAE/LISIS) et Raphaël Belmin (CIRAD-HortSys). Il vient d’un parcours d’ingénieur agronome (ISTOM) complété par un Master 2 à l’EHESS. Il est détaché au Sénégal dans le cadre d’une mission longue durée et accueilli au Bureau d’Analyses Macro-Economiques de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA-BAME).

Résumé du projet de thèse (english version below) :

Mes travaux portent sur l’écologisation des systèmes agri-alimentaires et ses verrous (lock-ins) notamment dans les pays du Sud où des velléités d’écologisation cohabitent souvent avec des dynamiques d’intensification conventionnelle largement incontrôlées. Dans ce contexte ambivalent, mon travail doctoral prend comme point d’entrée la fabrique des techniques de protection des cultures dans le secteur maraicher sénégalais. La question que je me pose est la suivante : comment s’opère la continuité de la lutte chimique en dépit des initiatives visant le retrait des pesticides ? Pour y répondre, je m’appuie principalement sur les Science and Technology Studies (STS) qui proposent une lecture constructiviste de l’efficacité et de la diffusion des technologies. À la faveur d’une présence prolongée au Sénégal (2 ans) je m’attache à rendre compte des efforts déployés par les protagonistes de l’innovation (importateurs et revendeurs de pesticides, conseillers agricoles, chercheurs, techniciens d’ONG, etc.) pour concevoir et faire adopter des solutions de protection des cultures, reconnues comme telles par les maraichers. Dans ce cadre, je cherche à rendre compte aussi bien des efforts et stratégies déployées par les promoteurs des pesticides que par les partisans de leur retrait, ce qui contribue nettement à déconstruire les discours enchantés sur la « transition agroécologique ». Outre le suivi des protagonistes de l’innovation, je m’intéresse également à la circulation des promesses de protection des cultures. Prolongeant l’analyse de la construction de l’efficacité des techniques et de leur diffusion, les travaux sur les promesses, les imaginaires et les futurs socio-techniques incarnent au sein des STS un mouvement transversal de problématisation des sources de crédit, de légitimité et d’inspiration accompagnant les réalisations socio-techniques. Dans le secteur maraicher sénégalais, l’exploration des promesses de protection des cultures permet ainsi d’étendre la focale analytique sur les dispositifs qui rendent pensable et possible le travail des innovateurs et d’apprécier la mesure dans laquelle ces dispositifs tendent à performer les pratiques de protection des cultures – dans le sens d’un retrait des pesticides ou d’une dépendance accrue vis-à-vis de la lutte chimique.

Publications scientifiques :

Baptiste Gaillard, « (Bio)porodi rekk ? Structuration des savoirs paysans de protection des cultures et dépendance aux pesticides en maraîchage – Cas d’une commune maraîchère de la zone des Niayes (Sénégal) », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 22 Numéro 3 | Décembre 2022, mis en ligne le 05 septembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/36398 ; DOI : https://doi.org/10.4000/vertigo.36398

Gaillard, B., Turnheim, B., Belmin, R., Loconto, M.A (under review) Socio-technical lock-in in a long view: retracing the couplings of pesticides and vegetable production in Senegal (1900-present). Environmental Innovation and Societal Transitions.

Summary of thesis project (English) :

My work deals with the ecologisation of agri-food systems and its lock-ins, particularly in the Global South where the ecologisation attempts often coexists with largely uncontrolled dynamics of conventional intensification. In this ambivalent context, my doctoral work examines the construction of crop protection techniques in the Senegalese vegetable sector. I address the following question: “How is chemical control being maintained despite initiatives to phase out the use of pesticides?”. To answer this question, I draw mainly on Science and Technology Studies (STS), which proposes a constructivist reading of the effectiveness and diffusion of technologies. Thanks to a prolonged stay in Senegal (2 years), I am seeking to describe the efforts made by the protagonists of innovation (pesticide importers and retailers, agricultural advisers, researchers, NGO technicians, etc.) to design and promote crop protection solutions that are recognised as such by vegetable producers. In this context, I am investigating the efforts and strategies deployed by both the promoters of pesticides and the advocates of their phasing out – which clearly helps to deconstruct the enchanting discourse on the “agro-ecological transition”. Besides following the protagonists of innovation, I am also interested in the circulation of crop protection promises. Extending the analysis of the construction of technology effectiveness and its diffusion, investigations into promises, imaginaries and socio-technical futures embody a cross-cutting movement within STS to problematise the sources of credit, legitimacy and inspiration that accompany socio-technical achievements. In the Senegalese vegetable sector, the exploration of crop protection promises makes it possible to extend the analytical focus to the devices that make the innovators’ work thinkable and possible, and to assess the extent to which these devices tend to perform crop protection practices – in the sense of a pesticide reduction or increased dependence upon chemical control.

Scientific publications