Thèse en Economie de l’Innovation réalisée dans le cadre d’une Convention de Formation par la Recherche en Administration
Diplômée ingénieure agronome de l’Institut Polytechnique UniLaSalle, j’ai rejoint le Ministère chargé de l’agriculture (MASA) en octobre 2023 dans le cadre du dispositif Cofra (convention de formation par la recherche en administration). J’y entreprends un doctorat en économie de l’innovation encadré scientifiquement par le LISIS (Mireille Matt, DR Inrae et Matthias Weber, Pr. associé UGE).
Jeune diplômée, j’ai d’abord évolué au sein du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) entre 2021 et 2023 en tant que chargée de mission analyse territoriale et investissement d’avenir. C’est dans l’objectif d’ancrer mon parcours professionnel au cœur du continuum formation-recherche-innovation que j’ai décidé d’entreprendre un projet de thèse autour des dynamiques d’innovation en agriculture.
Créé en mars 2022, le dispositif Cofra m’a permis de construire un projet de recherche à l’interface entre sciences et politiques. L’objectif de ma thèse est de porter une réflexion scientifique autour des politiques d’innovation agricole au cœur de l’administration d’Etat, dans l’objectif d’éclairer la décision et l’action publique. La complémentarité des approches et le dialogue entre le monde scientifique (LISIS) et politique (MASA) nourrit une démarche itérative qui a vocation à interroger les instruments existants et leur capacité à répondre aux enjeux sociétaux auxquels est confronté le monde agricole.
La démarche de recherche envisagée :
Les transformations de l’agriculture ont pour objectif la durabilité des systèmes agricoles. Pour impulser des transformations à la hauteur des grands défis globaux, le monde agricole a, plus que jamais, un important besoin d’innovations. Aujourd’hui, alors que le système d’innovation agricole français bénéficie d’un soutien croissant et inédit des pouvoirs publics, il parait légitime d’interroger l’orientation et l’efficience du cadre et des instruments politiques d’innovation mobilisés au regard de leur impact sur la capacité à reconcevoir les systèmes sociotechniques actuels.
En cohérence avec la mobilisation des communautés scientifiques autour de la formalisation de concepts politiques d’innovation à visée transformative, mon travail de recherche contribuera à accompagner les décideurs politiques dans leur mise en œuvre. Plus spécifiquement adossé au concept de « transformative mission-oriented Science-Technology-Innovation policy » (TMOIP), lui-même contextualisé à l’aune des spécificités des innovations en agriculture, l’objectif sera d’apporter de réelles contributions à l’élaboration pratique des politiques transformatives par les pouvoirs publics – et notamment le ministère en charge de l’agriculture français.
La question de recherche que j’aborde dans cette démarche est la suivante : Dans quelle mesure, les instruments des politiques d’innovation en France contribuent-ils à favoriser des transformations du système sociotechnique agricole vers un système plus durable ?
En reprenant le cadre conceptuel de TMOIP, l’idée serait d’analyser l’instrumentation de la politique de recherche et d’innovation agricole française. Trois caractéristiques instrumentales aux fondement de cette politique transformative axée sur les missions me permettront d’interroger, au fil de la réflexion, l’enjeu des interactions entre acteurs à différents niveaux du système d’innovation, et ce pour accélérer la transition vers des systèmes agricoles durables.
La stratégie de recherche globale se déclinera en trois étapes, qui auront une autonomie méthodologique, se complèteront, s’enchaîneront chronologiquement dans le travail de thèse, et constitueront les trois chapitres de résultats :
- Une première autour des orientations de la politique de recherche et d’innovation agricole française. La question de sa directionalité sera analysée en interrogeant la nature et l’existence de visions, leur construction ainsi que leur institutionnalisation dans le discours et dans l’action.
- Une deuxième autour des processus d’innovation soutenus par cette politique. La question de l’innovation distribuée sera analysée en interrogeant l’existence d’instruments fondés sur la demande (living labs, coopération public-privé, approches expérimentales pour l’intégration des consommateurs et des producteurs dans les initiatives d’innovation ouverte, etc.) aux côtés d’instruments fondés sur l’offre ;
- Une troisième à l’échelle d’un acteur clé du système d’innovation agricole. Le positionnement des établissements d’enseignement supérieur et de recherche agricoles sera analysé en interrogeant leur rôle dans la diffusion, la mise à l’échelle, l’intégration ou la généralisation des innovations.
La démarche empirique envisagée dans le cadre de mon travail mobilisera un panel de données originales issues des ressources du ministère de l’agriculture et de ses opérateurs. Elle combinera à la fois des méthodes d’enquête qualitatives (observations participatives et entretiens) et le traitement de grands corpus de données (analyse textuelles et financières).
Les contributions de mon travail seront d’ordre conceptuel et théorique (précision et illustration du concept de TMOIP) mais également d’ordre pratique concernant la mise en œuvre des politiques d’innovation (recommandations pour une instrumentation adaptée aux transformations visées).