LISIS
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Juliette Ferlin

Doctorante, INRAE

Juliette Ferlin (ED OMI, LISIS, IRIS) est doctorante en sociologie au LISIS depuis novembre 2024 et réalise sa thèse sous la direction de François Dedieu (DR, INRAE, LISIS) et Tristan Fournier (CR, IRIS, CNRS).  Ce projet de thèse s’inscrit à la croisée de deux domaines des sciences sociales : les Science and Technology Studies (STS) et la socio-anthropologie de l’alimentation.

Résumé : 

Son projet doctoral porte sur un secteur qui concentre près de la moitié de la production de plastique l’alimentation. Qu’il s’agisse d’emballages, de sacs ou de bouteilles, le plastique semble en effet « attaché » aux pratiques de consommation alimentaire. Cette thèse cherchera ainsi à appréhender les conditions possibles (et nécessaires) à un « détachement » de cette matière, dont le faible coût, les qualités intrinsèques (imperméabilité, solidité…) et la routinisation des usages semblent concourir à sa faible remise en cause. Pour tenter de répondre à cette question, l’enquête portera sur « la jeunesse » française (18-25 ans), une population très hétérogène socialement et économiquement mais qui partage certaines caractéristiques et dont cette fenêtre temporelle particulière apparaît heuristique pour saisir à la fois les freins et les potentiels leviers du « détachement » du plastique.

Objectifs :

Son ambition est de se positionner au plus près des objets et des pratiques en analysant les comportements d’achats et d’usages, ainsi que les manières dont ceux-ci s’intègrent aux principes de l’économie circulaire (recyclage) et de la transition écologique (éviction/diminution). Les enquêtes sociologiques réalisées sur la consommation engagée pointent souvent les contradictions et les délicats arbitrages quotidiens que les individus doivent opérer dans leurs pratiques (Dubuisson-Quellier, 2009 ; Coulangeon et al., 2023). Bien souvent, le souci écologique entre ainsi en concurrence avec la recherche d’économie financière ou de gain de temps. Mais ces travaux n’expliquent pas concrètement comment ces contradictions sont résolues et ne détaillent pas précisément les séquences du processus de réforme des modes de vie que les individus traversent. Pour tenter d’approfondir ces points, cette thèse se concentrera sur la consommation alimentaire « des jeunes » (18-25 ans), une catégorie sociale hétérogène mais présentée médiatiquement comme particulièrement sensible à la protection de l’environnement. En sciences sociales, le moment de la jeunesse est appréhendé comme une longue phase de transition vers l’âge adulte (Van de Velde, 2008, Peugny, 2022) où cette dernière « […] concentre une redéfinition des actes et des relations sociales et favorise la mise au jour à la fois des apprentissages passés et de la manière de mobiliser les compétences présentes (ou de gérer les incompétences) » (Garabuau-Massaoui, 2002 : 27).

Méthode :

La méthodologie envisagée est mixte puisqu’elle combine 1. une phase d’observation incognito des pratiques d’achats, 2. des entretiens semi-directifs, 3. des suivis « en situations » d’achats alimentaires, 4. une co-analyse du retour de courses à domicile, 5. un entretien final à plus ou moins 6 mois de la rencontre avec l’enquêté. Attachée à comprendre les modalités d’attachement et de détachement du plastique alimentaire, une attention particulière est portée aux choix des jeunes enquêtés en veillant à aborder des jeunes « détachés », « attachés » et « en cours de détachement » de cette technologie plastique.

Collaborations :

Grâce à l’obtention d’un financement auprès de l’Agence Nationale de la Recherche, cette thèse cherche à compléter des travaux exploratoires menés entre 2022 et 2024 par l’équipe « PRETI » (financements IFRIS 2022-2024). Rassemblant désormais une diversité de chercheurs en sciences sociales et sciences du vivant sous le nom de « PRICK » (AAP ANR 2024), ce partenariat à l’interface entre chimie et sociologie est l’occasion de démontrer l’intérêt de décloisonner les savoirs pour permettre d’envisager un avenir plus sobre en plastique. De plus, la réduction de la pollution plastique étant un enjeu social et sociétal fort, des dialogues auprès de l’association Zéro Waste sont institués.

Travaux : 

  • Mémoire de Master II « Quand se nourrir demeure plastique : arbitrages et pratiques ordinaires dans l’alimentation estudiantine » (disponible sur le site :  https://www.isthia.fr/travaux-universitaire-etudiants/)
  • Co-organisation et co-animation du séminaire mensuel PRETI avec F. Dedieu entre janvier et juin 2024
  • Revue Sésame « Les jeunes et l’alimentation : quoi de neuf docteur ? » – N°15, mai 2024
  • Présentation 13èmeColloque Chaire Unesco Alimentations du Monde « Mangez Jeunesse ! »  – février 2024