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Séminaire GTA/C la régulation de l’intelligence artificielle. Vendredi 18 février 10h30 – 12h30

 Vendredi matin de 10h30 à 12h30  aura lieu le séminaire commun GTA/C.

Titre : Le chaos de la régulation de l’intelligence artificielle.

L’intelligence artificielle fonctionne comme une appellation signalétique, employée couramment comme si elle correspondait à une chose bien connue. Pourtant, il est impossible d’en proposer une définition unanime.  Nul ne peut formuler clairement les contours de la notion d’intelligence artificielle. Tantôt signifié, tantôt signifiant, le syntagme nominal « IA » est une catégorie mouvante, difficile à cerner. Ce problème définitionnel tient au fait que l’ IA se caractérise moins par les différentes approches scientifiques associées (symbolique, connexionniste, probabiliste, programmation évolutive, automate cellulaire etc.) ou ses objets d’étude (vision, langage, raisonnement, planification, sens commun etc.), que par les multiples fonctions référentielles du syntagme nominal : parfois mobilisée en tant que concept, d’autre fois uniquement évoquée comme un artefact ou, lorsqu’il est écrit en majuscule (à la manière par exemple de l’Eglise ou de l’Etat), comme une chose diffuse qui peut agir à tout moment dans notre vie quotidienne. L’hypothèse que l’on soutient dans cette présentation est que ces multiples manières de définir l’intelligence artificielle est au cœur de la structuration politique du débat public sur l’IA et des controverses sur sa régulation. Ces différentes façons d’aborder l’IA reviennent à produire des cadres dans lesquels les acteurs définissent les problèmes. L’objectif de ce travail est de comprendre l’espace social de la régulation en partant de quatre définitions différentes de l’IA. C’est en situant les lieux de la régulation de l’IA par rapport à ces quatre définitions que l’on pourra ensuite naviguer dans la carte des débats publiques. Nous montrons l’existence de quatre formes de régulation concurrentes de l’IA. Nous proposerons pour terminer un cadre d’analyse à visée générale des mécanismes structurants des oppositions sur la manière de réguler l’IA, en mobilisant le cadre d’analyse d’Andrew Abbott (analyse en fractales), mais appliqué à la régulation. Le cadre d’Abbott apporte des éléments de compréhension des positions et des relations entre les divers groupes et sous-groupes impliqués dans la régulation de l’IA.  C’est une manière de simplifier et dans le même temps d’expliquer ces positions et ces relations.  Ce cadre montre aussi que l’opposition à l’intérieur de la gouvernance entre « technocratie » et « démocratie » n’est pas une opposition fondamentale qui divise le champ de la régulation en approche bien séparée, mais se retrouvent actives à tous les niveaux : on est toujours l’autorégulateur d’un autre. Enfin, ce cadre présente un intérêt pratique : si les acteurs de la régulation s’opposent clairement dans les débats sur la régulation, ces oppositions sont souvent de l’ordre implicite ou sont volontairement atténuées par les acteurs qui cherchent pacifier les controverses. Ce cadre d’analyse présente ainsi l’intérêt d’encourager l’engagement normatif et de clarifier les débats, et peut-être de permettre l’échange entre des acteurs qui différent radicalement entre eux. Notre méthode s’appuie sur une série d’entretiens auprès d’experts. Une cartographie du web permet de construire le réseau international de la régulation (350 web entités). Nous avons collecté un corpus de 5000 policy documents et de 40000 articles scientifiques, traité avec des méthodes quantitatives.