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[ANR Innox] « Savoirs de l’anticipation » et action publique : Modèles, prévisions et scénarios dans les politiques de l’énergie et de l’agriculture

« Savoirs de l’anticipation » et action publique :

Modèles, prévisions et scénarios dans les politiques de l’énergie et de l’agriculture

Atelier organisé dans le cadre du projet ANR Innox (Innovation in Expertise)

Le  workshop  s’intéresse  au  rôle  des  ‘savoirs  de  l’anticipation’  –  prévisions  de  la  demande énergétique, simulations de futurs contrastés de l’alimentation mondiale ou scénarios de transition écologique – dans l’action publique. La modélisation et la simulation numérique se trouvent au cœur de ces pratiques prospectives. À la fois outils de production de savoirs et technologies de gouvernement (Desrosières, 1999), leur usage dans la politique économique, puis dans d’autres domaines de l’action publique, doit autant aux évolutions des techniques de modélisation (dont l’augmentation  de  la  puissance  de  calcul  des  ordinateurs)  qu’aux  transformations  de  l’action publique. Ainsi, le développement de capacités d’anticipation dans les administrations (Nelson et al.,

2008) a longtemps été associé à l’élan modernisateur de la planification. Désormais, il semble davantage lié aux inquiétudes engendrées par les risques environnementaux et sanitaires globaux (Beck, 1999) et à l’essor de nouvelles formes de gouvernement ‘stratégique’ par les objectifs et les indicateurs (Bezès, 2005, Power, 1999). En même temps, de nouveaux acteurs, administrations locales, organisations internationales, firmes et ONG, ont investi le champ, produisant modèles et scénarios, et intervenant dans l’évaluation, la validation et la standardisation des savoirs de l’anticipation.

S’il nous semble important de mieux comprendre ces évolutions, c’est que ces savoirs, loin de se limiter à représenter la réalité et ses évolutions possibles, effectuent aussi un « travail social » (Garb et al., 2008) qui intervient dans cette réalité : en fournissant des cadrages qui modifient les attentes d’acteurs divers (Merton, 1948) ; en équipant (matériellement)  les interactions sur des marchés (Callon,  1998,  Mackenzie,  2004) ;  en  structurant,  au  sein  d’« arrangements  de  prédiction »  plus larges, la communication entre acteurs et mondes sociaux (Edwards, 2010, Angeletti, 2011); enfin, en contribuant à organiser la frontière entre sciences et politiques, entre « choix » ouverts au débat public et « faits » dont l’établissement est délégué aux experts.

Cet atelier de travail met donc les enjeux sociaux et politiques du recours aux modèles, simulations et scénarios dans l’action publique au centre de l’analyse. Nous prêterons une attention particulière aux conflits et controverses, aux luttes et asymétries de pouvoir dans la production des savoirs de l’anticipation comme dans les activités de normalisation et de régulation de ces savoirs par les administrations publiques et acteurs privés. Ainsi, différents types de modèles et ‘cultures’ de modélisation – économiste ou d’ingénieur, d’équilibre partiel ou général, hybrides ou intégrés – coexistent dans les domaines de l’énergie et de l’agriculture. Pourquoi une forme de savoir ou un ensemble de pratiques s’impose-t-il à un moment donné, et devient légitime ou hégémonique dans un domaine de l’action publique ? Comment analyser les controverses qui mettent en jeu différentes manières de construire des futurs, différents instruments et pratiques prédictifs ou prospectifs ? Qu’est-ce qui est rendu visible ou au contraire invisible, selon les ontologies et échelles – global, national, local – de la modélisation ? Comment intégrer dans l’analyse la dimension matérielle – programmes numériques, infrastructures de données, rapports, graphiques et présentations – des pratiques de l’anticipation ? Enfin, dans l’énergie comme dans l’agriculture, l’enjeu climatique est à l’origine de nouveaux questionnements et impératifs. Comment les approches et pratiques prospectives qui émergent en réponse à cette ‘climatisation’ (Aykut et al., 2017) croissante diffèrent- elles des approches existantes ?

 

Programme

Date: 9.6.2017, Lieu : CNAM, Salon d’honneur, 2 rue Conté 75003 Paris

Organisé dans le cadre du projet ANR Innox (coordonné par D. Demortain)

Coordination scientifique : S. Aykut (Inra-LISIS), A. Nadaï (Cired-CNRS), D. Demortain (Inra-LISIS), PB Joly (Inra-LISIS), B. Dorin (Cirad-CIRED).

 

9h30            Accueil


Session 1

Anticiper pour gouverner ? Les modèles dans la gouvernance globale

 

10h

Papier 1. Lise Cornilleau (Lisis/CSO) : Modeling Global Food Security to ‘Climatize’ World Hunger? A Field Analysis of the AgMIP project

10h20

Discussion introduite par Bertrand Schmitt (Inra-DEPE)

 

11h 

Papier 2. Béatrice Cointe (Lames) & Christophe Cassen (Cired) : Organizing policy relevant Expertise on Climate Action: the IAM Community

11h20

Discussion introduite par Michel Colombier (Iddri)

12h

Discussion commune des deux papiers


 

12h20               Pause-midi

 


Session 2

Opening up or closing down? Modélisations alternatives et participatives

 

14h

Papier 3. Stefan Aykut (Universität Hamburg-WISO): Infrastructures of change? Trajectories of energy demand modeling in France and Germany

14h20

Discussion introduite par Bernard Laponche (Global Chance)

 

15h

Papier 4. Pierre-Benoît Joly (Inra-Lisis) et Bruno Dorin (Cired-Cirad) : The politics of global agricultural modeling

15h20

Discussion introduite par Sébastien Treyer (Iddri)

 

16h

Discussion commune des deux papiers

 


 

16h20                  Pause-Café

 


Table ronde 

Modélisation et action publique : Enjeux pour la recherche et le dialogue

interdisciplinaire

 

16h40

Avec Céline Granjou (Iristea), Bernard Laponche (Global Chance), Yves Marignac (Wise Paris), Bertrand Schmitt (Inra-DEPE)

Modération : David Demortain (Lisis)

 


 

17h30                   Fin du Workshop