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[Sciences en Questions] « Le mouvement de la permaculture ou la critique écologique par l’art de réhabiter » – 16 novembre 2017

Le mouvement de la permaculture ou la critique écologique par l’art de réhabiter.

La permaculture est un mouvement écologiste ayant connu, à partir des années 1980, une remarquable croissance transnationale. Basée sur l’engagement direct de la personne dans la transformation au quotidien des modes de réponse à ses propres besoins de subsistance, la permaculture promeut l’idée de la transition écologique comme révolution pacifique et silencieuse par le bas. Ce mouvement témoigne d’une forme d’activisme environnemental que les sciences sociales ont
du mal à saisir dans son originalité.

Dans cette présentation, je vais tout d’abord retracer l’histoire du mouvement de la permaculture, en soulignant les principales influences intellectuelles ayant contribué à l’élaboration de sa proposition culturelle et politique. Après avoir fait état de ses modes de diffusion et de son organisation actuelle en tant que mouvement biorégionaliste, je vais ensuite analyser la permaculture en tant que méthode pratique d’évaluation et de conception de stratégies d’action. Cette méthode prend au sérieux les interdépendances complexes qui lient les êtres humains aux autres formes de vie et la manière dont cela questionne les interprétations dominantes de la rationalité, de l’utilité et de la valeur. Dans ce cadre, la permaculture se conçoit d’abord comme un appui au développement, chez l’être humain, d’une capacité de raisonnement écologique, basé sur la combinaison de principes éthiques (prendre soin de la terre, prendre soin des humains, partage équitable), de principes de design (observer avant d’interagir ; intégrer à la place de séparer ; valoriser la diversité ; répondre de manière créative au changement…) et de principes « d’attitude » (travailler avec la nature plutôt que contre elle ; le problème, c’est la solution…)

Il s’agira ensuite d’examiner comment cette éthique pratique de la permaculture se distingue d’une éthique de la conservation de l’environnement pour configurer à sa place une éthique de la régénération. Cette éthique de la régénération participe de ce que je vais définir comme l’art de réhabiter. A travers la pratique et l’enseignement de la permaculture, c’est donc un art individuel et collectif de réhabiter qui est promu. Cet art se fonde sur la capacité à conjuguer la réinscription de l’individu dans le milieu, en tant que maillage complexe d’interdépendances (sociales et écologiques), avec des objectifs de justice sociale, d’émancipation et d’abondance. A partir des données d’une recherche en cours sur la diffusion de la permaculture en Italie, je discuterai de la variété de formes d’économie « péricapitaliste » impulsées par ce mouvement. Entre les expérimentations qui visent à préfigurer une société post-capitaliste, et le développement d’alternatives au capitalisme dominant, trouvent leur place des initiatives diverses et variées qui demandent tout simplement à exister… malgré le capitalisme. En conclusion, je chercherai sur ces bases à fournir quelques pistes de réflexion sur les promesses et les périls de la vision permaculturelle de l’engagement pour la transition écologique.

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