Claire Le Renard lauréate du Prix de Thèses d’Université Paris-Est 2022
Sa thèse, intitulée Le prototype défait. Superphénix, des glissements de la promesse technoscientifique aux épreuves de la « démocratie technique »
a été soutenue à l’Université Paris Est le 6 décembre 2021 devant un jury dont les membres étaient:
Madeleine AKRICH, directrice de recherche, École nationale supérieure des Mines de Paris
(rapporteure)
Bernadette BENSAUDE-VINCENT, professeure émérite, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
(examinatrice)
Olivier BORRAZ, directeur de recherche CNRS, CSO (président du jury)
Arthur JOBERT, ingénieur-chercheur expert, EDF R&D (membre invité)
Pierre-Benoît JOLY, directeur de recherche INRAE, UMR LISIS (directeur)
Bruno J. STRASSER, professeur ordinaire, Université de Genève (rapporteur).
Cette thèse analyse un cas de recul de l’innovation technoscientifique, un « prototype défait », à travers le cas de Superphénix, une centrale nucléaire dite prototype à l’échelle industrielle de la technologie du réacteur à neutrons rapides. Depuis l’après-guerre, cette technologie laissant entrevoir la possibilité de générer du combustible en parallèle de sa consommation a fait l’objet de développements dans plusieurs pays, qui en France, ont connu leur apex avec ce « prototype à l’échelle industrielle » (1200 MW) situé à Creys-Malville (Isère).
Grâce à une enquête minutieuse assise sur des sources orales et écrites, et nourrie par un ancrage théorique dans les Science and Technology Studies, la thèse propose un récit des développements de cette technologie controversée, des années 1950 aux années 1990, ainsi que plusieurs apports : d’abord, l’élaboration d’un modèle de la décision s’appliquant tout autant à la décision de faire qu’à la décision de défaire le prototype, en 1976 comme en 1997. Une mobilisation originale des concepts d’imaginaires sociotechniques et du régime de l’économie des promesses technoscientifiques permet d’analyser la trajectoire technologique, et en retour, d’enrichir ces concepts. Enfin, cette recherche saisit la fermeture de Superphénix comme le résultat d’une inflexion, au fil des années 1980 et 1990, vers plus de transparence et de pluralisme dans les modalités de mise en discussion de choix scientifiques et technologiques.