Parution du livre de Léo Magnin « La vie sociale des haies. Enquête sur l’écologisation des mœurs » aux éditions La Découverte
Tandis que le monde devient de moins en moins habitable, peut-on déceler les indices d’une transformation des manières d’interagir avec l’environnement ? Dans le sillon de Norbert Elias étudiant la civilisation des mœurs à partir du mouchoir, Léo Magnin interroge l’écologisation des mœurs à travers un objet ordinaire : la haie. Car si les arbres et buissons ont une vie biologique bien connue, leur vie sociale mouvementée reste à découvrir.
Massivement détruites lors de la modernisation agricole après 1945, les haies sont désormais plébiscitées en tant que réservoirs de biodiversité, puits de carbone, sources d’énergie renouvelable, freins à l’érosion et trames paysagères. Comment expliquer un tel revirement ? En enquêtant sur les traces de requalifications des haies : l’inquiétude exprimée par un éleveur face à leur protection, les hésitations d’un planteur dans sa parcelle, le coût de l’entretien, le goût de l’élagage, l’étude scientifique du bocage, sa cartographie numérique, son étonnante politisation gouvernementale et villageoise, etc.
Des cours de fermes aux dorures ministérielles, La Vie sociale des haies investigue ainsi les différentes dimensions du processus d’écologisation, dessinant les dynamiques sociales qui s’essoufflent, se poursuivent ou se réinventent à l’épreuve des enjeux environnementaux. Suivre le dédale des haies éclaire les zigzags de l’histoire qui configurent les contradictions de notre présent, mais aussi ses tâtonnements prometteurs…
S’orienter dans les sciences sociales de l’environnement
Questionner l’écologisation des moeurs
Le cheminement de l’enquête
1. Temporalités. Défaire les clôtures de l’histoire
Arbres et buissons, victimes de la sauvagerie modernisatrice
La haie paysanne était déjà moderne
Historiciser le choc du remembrement
Faire avec l’arbre et ses futurs contrariés
2. Spatialités. Bocage, village et parcelle
Le bocage, un espace social en mouvement
Siouvat, ses bouchures et son remembrement à l’arrêt
Géopolitique de l’arbre à l’échelle parcellaire
3. Économies. Cultiver l’arbre
Une (mono)culture fossilisée
Un bien public et une variable d’ajustement budgétaire
» Il ne faut pas réapprendre la culture de l’arbre : il faut l’apprendre ! »
4. Inégalités. Distinctions environnementales
Dévoiler l’illusion : le fétiche du touriste
Métamorphoses du (dé)goût : actualiser les dynamiques sociales
Le châtelain, l’État et l’écologisation contrainte
5. Savoirs. Faire l’école buissonnière
Une curiosité littéraire
(Dé)chiffrer le bocage
Définir une politique de la haie
6. Techniques. Le numérique pris dans les ronces
Le vieux rêve de l’automatisation imminente
Un » énorme chantier » numérique
Comment numériser une haie quand on en voit une ?
Les passes numériques du droit.
7. Politiques. La diplomatie agroécologique
L’idiote utile de l’agriculture industrielle ?
» Est-ce qu’il faut vraiment venir armé quand on vient contrôler une haie ? »
Une réglementation peu appliquée par un État divisé
Le diplomate du bocage
8. Réflexivités. La science de l’échalier
Pourquoi (pas) la haie ?
Une recherche impliquée
Construire des échaliers
Conclusion. L’écologisation des heurts
La haie, un précipité révélateur
Conflit de normes : plus de règles, moins de haies
Environnement : qui s’en préoccupe, qui s’en occupe ?