[Séminaire LISIS]-Pour une histoire des symbioses énergétiques et matérielles-Jean-Baptiste FRESSOZ (CRH – CNRS/EHESS)
Le séminaire LISIS du 12 avril 2021 « Pour une histoire des symbioses énergétiques et matérielles » sera présenté par Jean-Baptiste FRESSOZ (CRH – CNRS/EHESS)
Résumé :
Dans les années 1980, au moment où une nouvelle vague de charbon déferlait sur le monde, la transition devint la grande préoccupation des historiens de l’énergie. Il faut voir dans ce paradoxe l’influence de la prospective énergétique très en vogue depuis les années 1970. Le discours de la transition qui émerge dès l’après-guerre dans le milieu des malthusiens atomistes est reprise par les futurologues qui pensent l’avenir énergétique des USA après les chocs pétroliers. Si cette notion n’est pas un bon descripteur du passé ? c’est que ce n’était tout simplement pas son but initial. Et si elle a séduit les historiens c’est qu’elle leur donnait une certaine importance : en parlant la langue des technocrates, des pans entiers de l’historiographie (l’histoire économique, l’histoire des techniques, la révolution industrielle) semblaient soudainement acquérir une grande pertinence pour penser les défis du futur. Le problème est que cette notion ne rendait pas du tout compte de la nature cumulative et symbiotique du passé énergétique et matériel. Elle permettait par contre d’imaginer une économie décarbonée comme la suite voire l’aboutissement d’un majestueux processus historique amorcé il y a deux siècles. Le problème de la « transition énergétique » est qu’elle projette un passé qui n’existe pas sur un futur qui demeure encore fantomatique.